Origine d'un nom
Tio, Tchô en mélanésien, était le nom d’un clan de la région. Il fut donné au village à l’arrivée du père Morris en 1868, créateur de la première mission catholique. Le missionnaire transforme le “i” en “y” sans toucher à la prononciation. Tio devient alors Tyo. En 1875, les pionniers en changent une nouvelle fois l’orthographe pour donner la version définitive du nom de la commune : Thio.
Nickel town et Thio-les-Rotschild...
Baptisée “Nickeltown” par le journal La France australe, au début du siècle, Thio est considéré comme le berceau du nickel calédonien. La production de minerai a débuté dans la commune vers 1875 et ne s’est pas arêtée depuis. Créée en 1880, « La SLN », Société Le Nickel, s’y implantera seulement en 1889. Dans les années 20, extrêmement prospères, Thio est considéré comme la véritable capitale de la Calédonie. La ville compte alors plusieurs établissements de renom, comme l’hôtel Sigura. Les courses hippiques sont également réputées et elles ne s’arrêteront qu’en 1933. La commune est d’ailleurs baptisée, à l’époque, par le Bulletin du Commerce, “Thio-les-Rotschild” car elle est considérée comme le centre économique et la plus riche commune de la Grande Terre. La ville est alors régulièrement approvisionnée de biens de consommation et d’équipements que l’on ne trouve pas à Nouméa, par des navires venant directement d’Europe et d’Australie.
Mine cosmopolite
Des Chinois et des Indiens arrivent à Thio dès 1865. Ils seront suivis des Vietnamiens en 1891 (dont une partie d’entre eux est constituée de déportés politiques ayant pris part aux révoltes contre l’installation des Français en Indochine), et des Japonais en 1892. Des Indonésiens les rejoindront en 1895. Entre temps et dès 1872, les convois de forçats transportés se multiplient. A cette population de “droits communs” s’ajoutera, pendant sept ans, celle des déportés politiques, les Communards, puis celle des Kabyles algériens. En 1929, le territoire compte près de 14 000 Asiatiques, soit autant que la population européenne. Suivront des Réunionnais, des Mélanésiens, des habitants des îles Loyauté (jusqu’à 2000 à Thio), des Vanuatais et même des Yougoslaves… Maurice Fels, historien local, a coutume de dire que “toutes les races sont passées à Thio”. La plupart des travailleurs étrangers ont fait souche et leurs descendants vivent encore sur la commune. Aujourd’hui, Thio revendique plus que jamais sa pluriethnicité.
Les femmes aussi
Les femmes apparaissent très tôt sur les mines, quasiment dès le début de l’exploitation. Les premières arrivent des Nouvelles-Hébrides (Vanuatu) avec leur époux et leurs enfants. Elles ont une rémunération moins importante que les hommes, tout en subissant un travail tout aussi difficile. On les voit sur les chantiers, porteuses de sacs, de minerai, trieuses, balayeuses, cantinières, cribleuses… Certains wagonnets de minerai sont même spécialement conçus pour elles. Lors de leurs accouchements, elles ont droit à 24 heures de “congé spécial”. A partir de la grande grève de 1954, on les voit revendiquer, aux côtés des ethnies jusqu’alors lésées, “un salaire égal pour un travail égal”.
Pour en savoir plus...
...Sur l’histoire de Thio qui se confond avec celle de l’exploitaion du nickel, n’hésitez pas à vous rendre au Musée de la mine qui regorge de photos de la ville au début du XXe siècle et dispose d’une collection d’outils anciens. Plus d'infos également auprès de l'Office de Tourisme de Thio.
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